Qu’est-ce que le design ?
D’un point de vue chronologique, on peut noter que le design moderne commence au 19ème siècle avec des institutions telles que la Government School of Design fondée en 1837 au Royaume-Uni, ou l’Université des Arts, de l’Artisanat et du Design fondée à Konstfack, en Suède, en 1844, et qu’un rôle fondamental a été joué par le mouvement allemand Bauhaus initié en 1919.
Plus récemment, un homme d’affaires et inventeur très célèbre, Steve Jobs, définissait le terme « design » comme suit :
« Le design est un mot étrange. Certains pensent qu’il s’agit de l’apparence d’un produit. Mais bien sûr, si l’on creuse un peu, on s’aperçoit qu’il s’agit en fait de la manière dont cela fonctionne. (…) Le design, ce n’est pas seulement l’apparence et la sensation. Le design, c’est comment ça marche (….) Le design est l’âme fondamentale d’une création humaine qui finit par s’exprimer dans les couches extérieures successives du produit ou du service ». (Jobs, 2020, 42-43)
En outre, un autre aspect doit être pris en considération. Bien que le design lui-même soit un concept très attrayant, il peut s’avérer très limitatif pour plusieurs catégories d’utilisateurs, et ce en raison d’une forme spécifique de handicap dont ils peuvent souffrir. C’est pourquoi le « design universel » a été inventé.
Qu’est-ce que le design universel ?
Selon l’article 2 de la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées,
« Le design universel est le design de produits, d’environnements, de programmes et de services utilisables par tous, dans toute la mesure du possible, sans qu’il soit nécessaire de les adapter ou de les concevoir de manière spécialisée. Le design universel n’exclut pas les dispositifs d’assistance destinés à des groupes particuliers de personnes handicapées lorsque cela est nécessaire ».
Cf. Article 2 – Definitions | Division for Inclusive Social Development (DISD) (un.org)
Il est également important de comprendre combien de personnes souffrent d’un handicap. Au niveau de l’UE, comme le montre le rapport « Disability in the EU : facts and figures », sur 101 millions de personnes, 1 adulte sur 4 souffre d’un handicap, en notant que les risques d’acquérir une forme de handicap augmentent avec l’âge.

Image montrant l’augmentation proportionnelle à l’âge des pourcentages de handicap
dans la population de l’UE
Selon la même étude, le pourcentage le plus élevé se trouve en Lettonie, avec 40,7 % de la population, le seul à dépasser les 40 %, suivi du Danemark, avec 36,7 %, de la Finlande avec 34,8 %, du Portugal avec 33,4 %, de l’Estonie avec 32,5 %, des Pays-Bas avec 32,1 %, de la Slovaquie avec 30,5 % et de la Roumanie avec 30,4 %, avec des pourcentages supérieurs à 30 %, de l’Autriche avec 29.7%, l’Espagne 29,6%, l’Allemagne 28,2%, la Lituanie 27,4%, la France 26,8%, la République tchèque 26,8%, la Belgique 25,4%, la Pologne 24,4%, la Suède 22,6%, la Hongrie 22,3%, la Slovénie 21,6%, Chypre 21,1%, l’Italie 20,6%, l’Irlande 20,5% avec des pourcentages supérieurs à 20% et enfin la Bulgarie 13,6% et Malte 13,8% avec des pourcentages supérieurs à 10%.
Cf Le handicap dans l’UE : faits et chiffres – Consilium
Compte tenu de ces statistiques, le concept de design universel est utile à toutes et tous, mais surtout aux personnes qui se trouvent dans des situations difficiles en raison de leur état de santé.
Qui a inventé ce terme ?
L’architecte américain Ronald Mace (1942 – 1998) a introduit le concept de design universel en se basant sur sa propre expérience, puisqu’il a contracté la polio à l’âge de neuf ans, ce qui l’a conduit à utiliser un fauteuil roulant pour le reste de sa vie. Dans cette situation, il a été confronté à de nombreux désavantages auxquels la société n’avait pas pensé auparavant, ou qu’elle n’avait pas pris la peine d’examiner sérieusement. Il s’est battu pour les éliminer, comme il l’a fait lui-même, alors qu’il était étudiant à l’université d’État de Caroline du Nord, où il ne pouvait pas franchir la porte des toilettes depuis son fauteuil roulant et où il devait être porté pour monter et descendre les escaliers, car il n’y avait pas d’autre moyen pour lui de se rendre en cours. Il a obtenu son diplôme en 1966 et a décidé de concentrer son activité sur la création de logements accessibles afin que tous les produits et bâtiments soient non seulement visuellement attrayants, mais aussi et surtout utilisables dans la mesure du possible par tout le monde, indépendamment de l’âge, des capacités ou de la situation.
L’architecte et urbaniste britannique Selwyn Goldsmith (1932 – 2011) est également reconnu pour avoir joué un rôle important dans la diffusion du concept de design inclusif, étant l’auteur de Designing for the disabled : a manual of technical information, publié en 1963 par le Royal Institute of British Architects, et de Universal Design, publié en 2007 par Routledge. Goldsmith a considérablement contribué à l’introduction de bordures abaissées ou de rampes dans les carrefours de la ville de Norwich, ainsi qu’à la nécessité de consulter les utilisateurs afin de vérifier la faisabilité et l’utilisabilité du design.
Les autres termes utilisés pour désigner le design universel sont les suivants : « design pour tous », « design inclusif » et « design sans obstacles ».
Cf. Stephanie Woodward, Ronald Mace and His Impact on Universal Design