Qui sont les publics éloignés des musées ? Identification des publics « éloignés » et données statistiques

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Ci-dessous, nous explorons les caractéristiques des « publics éloignés ». Comprendre ces publics sous-représentés est crucial pour développer des stratégies inclusives et faire des musées des lieux accueillants pour tous. Les musées jouent un rôle essentiel dans l’enrichissement culturel et l’éducation. Cependant, tout le monde n’a pas le même accès aux offres culturelles qu’ils proposent. Certains groupes sont bien moins susceptibles de visiter un musée en raison de divers obstacles qui les empêchent même d’envisager cette possibilité.

Les personnes en situation de handicap

La visite d’un musée peut être compliquée pour les personnes en situation de handicap. En 2022, Eurostat a relevé des écarts significatifs dans la participation culturelle des personnes déclarant une limitation d’activité, toutes formes de handicap confondues. Ces personnes participent aux activités culturelles à un taux inférieur à celui de la population générale de 16 ans et plus dans tous les pays de l’UE. Ces chiffres mettent en évidence les obstacles persistants à l’engagement culturel des personnes en situation de handicap. Cette limitation est due à des musées souvent inaccessibles physiquement, au manque d’environnements sensoriels adaptés et à l’absence de technologies inclusives. Même les offres numériques ne répondent pas toujours aux besoins spécifiques de ce public.

Les minorités ethniques et culturelles

Les personnes issues de l’immigration et les minorités culturelles en Europe rencontrent des obstacles importants à la participation culturelle et leur engagement dans les arts et la culture est souvent inférieur à celui des populations nées dans le pays. En 2015, seulement 54 % des personnes nées hors de l’UE avaient participé à des activités culturelles, soit 10 points de moins que les personnes nées dans leur pays de résidence. En Allemagne et en Angleterre, par exemple, les personnes issues de l’immigration sont nettement sous-représentées dans les espaces culturels traditionnels, comme les musées et les galeries. Parmi les principaux freins : barrières linguistiques, contraintes financières, manque d’intérêt et sentiment de non-représentation dans l’offre culturelle.

Les personnes en situation de précarité économique

Le prix des billets, le manque de transports accessibles et la nécessité de prioriser des besoins fondamentaux empêchent les personnes à faibles revenus de fréquenter les musées. Selon Eurostat 2022, les disparités sont frappantes : dans certains pays comme Chypre, la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie, moins de 20 % des personnes aux revenus les plus bas participent aux activités culturelles. En Bulgarie, les personnes aux revenus les plus élevés sont 6,5 fois plus susceptibles de participer à des événements culturels que celles aux revenus les plus bas.

Les seniors

Pour les personnes âgées, les problèmes de mobilité, les contraintes de santé et la faible maîtrise du numérique limitent l’accès aux expériences muséales, qu’elles soient physiques ou virtuelles.
En conséquence, la fréquentation des personnes âgées reste faible, en particulier dans les établissements de soins. En fait, d’après le rapport Eurostat 2022, la participation culturelle des personnes âgées est la plus faible de tous les groupes d’âge, seule une fraction d’entre elles s’engageant dans des activités, en comparaison de publics plus jeunes.

Les jeunes et jeunes adultes

Les jeunes sont le groupe le plus actif culturellement, avec des taux de participation plus élevés que les autres tranches d’âge. Cependant, une baisse marquée a été observée depuis 2015. Certains pays européens, comme la Lettonie, ont enregistré une chute de 25 points de pourcentage de la participation culturelle des jeunes. Beaucoup de musées peinent à capter leur intérêt, car ils sont souvent perçus comme désuets ou non pertinents.

Les populations rurales

Les habitants des zones rurales sont éloignés des centres culturels et disposent de peu de solutions de transport public. Ces obstacles réduisent significativement leurs opportunités de visite par rapport aux citadins. Par exemple, d’après Eurostat 2022, en Bulgarie, seulement 8 % des habitants des zones rurales ont participé à des activités culturelles, contre près de 30 % en ville. Des écarts similaires de 20 à 21 points ont été observés en Hongrie, Grèce et Lettonie.

Questions de réflexion :

Comment votre musée peut-il rendre ses expériences culturelles accessibles à ces publics éloignés ?

Existe-t-il des programmes ou politiques que vous pourriez adapter pour favoriser leur inclusion ?