Cette série de trois articles propose de se pencher sur l’audiodescription comme dispositif d’aide à la visite aux personnes atteintes de déficiences visuelles. L’idée est de comprendre de quoi il s’agit, mais surtout de rentrer dans le détail de sa mise en œuvre lorsque l’on est un professionnel de la culture : quels sont les points de vigilance à avoir ? Quels sont les débats qui se posent ? Comment proposer une audiodescription qui se rapproche au maximum des besoins et attentes des publics atteints de déficiences visuelles ?
Ce premier épisode introductif est consacré aux publics cibles, les personnes atteintes de déficiences visuelles. Pour leur proposer des solutions adaptées, il est nécessaire de s’informer au préalable sur leur handicap et sur les nuances qu’il recouvre.
En France, 1,7 million de personnes souffrent d’une déficience visuelle légère, modérée ou profonde. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce chiffre devrait doubler d’ici 2050, en raison de l’allongement de l’espérance de vie et du vieillissement de la population mondiale. Dans l’optique de l’accessibilité universelle, y compris des lieux culturels, l’adaptation des contenus et des supports de médiation se pose comme un enjeu majeur.
La Fédération des Aveugles de France distingue trois types de déficiences visuelles, selon le degré de malvoyance :
- La cécité totale : les personnes qui en sont atteintes n’ont aucune perception de la lumière (ni donc des couleurs, des contrastes, des formes…) ;
- La malvoyance profonde : la vision résiduelle est limitée à la distinction des silhouettes et reste donc très floue, bien que légèrement plus sensible à la lumière ;
- La malvoyance moyenne : l’incapacité visuelle est sévère et l’on considère que, de loin, elle ne permet pas de distinguer un visage à 4 mètres, tandis que de près, la lecture est impossible.
Il est également intéressant de distinguer l’origine de la déficience : est-elle de naissance ou apparue a posteriori ? La réception du contenu en audiodescription ne sera alors pas la même ; par exemple, les références visuelles évoquées auront moins de résonance chez les personnes dont la déficience visuelle est de naissance. Ceci nous invite davantage à combiner les types de dispositifs faisant appel à la pluralité des sens – point que nous aborderons dans le second épisode.
Ce bref récapitulatif sur les déficiences visuelles souligne la diversité des réalités qu’elles recouvrent. Se pose alors la question du “bon” dispositif à mettre en place pour permettre et faciliter l’accès à la culture aux personnes atteintes de déficience visuelle : comment proposer à ces publics une aide à la visite adaptée à la pluralité de leurs profils ?
Si l’audiodescription apparaît jusqu’alors comme la solution la plus adéquate et la plus courante, plusieurs questions se posent sur les méthodes de son élaboration : quels contenus y intégrer ? Comment les formuler, avec quelle tonalité, quel vocabulaire ? Quels acteurs solliciter tout au long de la chaîne de production ? Ou encore, comment combiner l’audiodescription aux autres dispositifs de médiation ?
Nous discuterons et illustrerons ces questions dans le prochain article !