En décembre dernier, dans le cadre du projet européen REACT, cofinancé dans le cadre du programme Erasmus+, nous avons organisé une activité de formation dédiée à l’accessibilité culturelle. Pendant trois jours, nous nous sommes plongés avec nos partenaires dans une série de visites et d’échanges sur les pratiques inclusives dans les musées parisiens.
Nous avons ainsi eu le plaisir de visiter le musée Rodin avec Clara Marzal (Chargée d’action culturelle), le musée de la Marine avec Mathilde Teissier (Référente accessibilité) et Chloé Chaspoul (Référente numérique), et le Panthéon avec Delphine Harmel (Chargée de mission accessibilité – Centre des Monuments Nationaux). Nous avons pu également échanger avec Thomas Planchais de Langue Turquoise, agence de traduction en langue des signes.
Ces lieux et ces professionnels sont réunis par la même objectif : rendre la culture plus accessible à tous.
Musée Rodin : voir et toucher
Au musée Rodin, la réflexion sur l’accessibilité s’incarne dans une série d’outils adaptés aux visiteurs malvoyants : livret tactile en braille, sculptures à toucher, mais aussi une visite guidée en LSF réalisée par une médiatrice formée pour l’occasion.
Cependant, les limites budgétaires et humaines freinent l’accessibilité spontanée : les visites tactiles doivent être planifiées longtemps à l’avance, les expositions temporaires ne bénéficient pas toujours d’adaptations, et rien n’existe encore pour les personnes avec un handicap cognitif. L’équipe réfléchit aujourd’hui à la relance d’un projet en Facile à lire et à comprendre (FALC), interrompu suite à un départ.
Autre sujet soulevé : l’accessibilité numérique et sensorielle des parcours, notamment pour les personnes ayant un trouble du spectre autistique ou des handicaps invisibles. Clara Marzal évoque l’importance de penser le parcours dès l’entrée, y compris dans l’anticipation de la visite : accessibilité du site internet, signalétique intuitive, accueil formé…
Musée de la Marine : immersion sensorielle et co-construction
Réouvert en 2023 après six années de travaux, le musée de la Marine intègre dès sa conception les principes de l’accessibilité universelle. Grâce à une collaboration étroite avec des comités d’usagers, le parcours permanent propose :
- Des kiosques interactifs multisensoriels (braille, audio, objets manipulables, textes adaptés aux dyslexiques),
- Des heures calmes deux fois par semaine,
- Des vidéos en langue des signes française avec sous-titres activables,
- Une web-app « Boussole » proposant des parcours adaptés (enfants, apprentissage, pop culture…),
- Une salle Snoezelen (« La Bulle ») pensée pour les publics neuroatypiques, mais aussi pour les enfants, les seniors ou les personnes atteintes de troubles cognitifs.
Le musée fait le pari d’une médiation inclusive pensée pour tous, où chacun choisit son propre parcours, selon ses envies, ses besoins et son rythme.
Panthéon : accessibilité patrimoniale et limites structurelles
Au Panthéon, la visite a été l’occasion d’échanger avec Delphine Harmel du Centre des Monuments Nationaux sur les spécificités de l’accessibilité dans les sites historiques. Malgré la mise en place de rampes, de plans tactiles ou de visites en audiodescription, des obstacles demeurent : portes lourdes, signalétique peu lisible, absence de parcours FALC, ou encore difficultés d’orientation pour les personnes non accompagnées.
Delphine a souligné l’importance de ne pas segmenter les publics par type de handicap sur les sites web (« visiteur sourd », « visiteur en fauteuil », etc.), mais plutôt de proposer des informations claires, simples et universelles, en partant des usages.
Vers des pratiques plus durables et reproductibles
Cette activité de formation s’est conclue au musée Rodin par une restitution collective, où les participants ont partagé des recommandations concrètes :
- Intégrer les publics dans la conception des dispositifs dès le départ,
- Penser la signalétique et les supports dans une logique universelle (langage clair, pictogrammes, contrastes…),
- Prévoir des parcours accessibles autonomes (via QR codes, vidéos LSF, fiches FALC),
- Former les professionnels à une médiation inclusive, adaptable aux besoins des visiteurs.
Et maintenant ?
Le projet REACT va poursuivre cette dynamique en travaillant avec d’autres musées, institutions culturelles et sites touristiques en Europe pour co-développer des ressources accessibles et accompagner la montée en compétence des professionnels de la médiation culturelle.
Une série d’ateliers, de guides pratiques et de modules de formation sera mise en ligne d’ici la fin 2025. En attendant, suivez-nous pour découvrir les prochaines étapes de notre projet, et inspirons-nous ensemble pour que la culture soit un droit effectif pour tous.